La pendaison est un acte de violence dans lequel le corps pris par le cou dans un lien attaché à point fixe et abandonné à son propre poids exerce sur le lien suspenseur une traction assez forte pour amener brusquement l’arrêt de la circulation cérébrale, l’arrêt des fonctions respiratoires et enfin, la mort.
La pendaison a différents effets suivant qu’elle entraîne ou non une rupture de la nuque.
Dans le premier cas, la mort est provoquée par la dislocation des 3éme et 4éme vertèbres cervicales. Elle est instantanée.
Dans le second cas, la pendaison provoque des lésions cartilagineuses au niveau du larynx, ainsi que des lésions nerveuses des veines jugulaires et des artères carotides. Elle provoque également une obstruction plus ou moins complète des voies aériennes supérieures, entraînant une occlusion des vaisseaux du cou. L’anoxie cérébrale débute alors dès la première seconde et provoque une perte de conscience immédiate. Un œdème cérébral se développe rapidement et empêche la souffrance cérébrale.
Le pendu développe des lividités aux membres supérieurs, entre le coude et les doigts, et aux membres inférieurs entre les genoux et les pieds. Son visage est blême, parfois cyanosé, la langue est protuse et les yeux injectés de sang. Le cou présente une lésion cervicale reproduisant les marques de la corde, interrompue au niveau du nœud. La peau en regard de ce sillon est brillante, blanchâtre, colorée avec le temps par parcheminement. Le pendu présente parfois une érection importante. (Dr VANTRIMPONT 21.06.2000).

Origines
L’origine de la pendaison est impossible à déterminer. On a retrouvé en Égypte des documents décrivant des scènes de pendaison bien avant les premiers pharaons. Elle était, semble-t-il, liée aux sacrifices humains. Il semble que sa première utilisation en tant que condamnation pénale remonte à la Rome Antique pour les chrétiens. C’est aussi par pendaison que Judas, après avoir trahi Jésus, se donne la mort. Dés le V e siècle, en Europe, elle devint le moyen d’exécution le plus utilisé pour les criminels de droit commun : simple et efficace, on exécutait en quelques minutes sans effusion de sang. A cette époque la technique était encore très rudimentaire : le condamné, les mains liées dans le dos, était assis sur le faîte de la branche d’un arbre. On lui passait la corde au cou, puis il suffisait de le faire basculer en arrière. Ce dispositif sommaire demeura en vigueur jusqu’à la fin du Moyen Âge. Le XV e siècle vit se réglementer l’utilisation de la pendaison, pour la confier à des personnes qualifiées : les bourreaux -les exécuteurs des haultes-oeuvres- . C’est à cette époque que les méthodes de pendaison se modernisèrent. On abandonna la pendaison aux arbres pour se rabattre sur des portiques spécialement prévus à cet effet: les potences. On commença également à s’intéresser aux moyens d’abréger les souffrances des pendus et on découvrit que la mort pouvait être quasi instantanée si la corde utilisée était suffisamment longue pour autoriser une grande chute avant la pendaison. Mais il fallait que le bourreau ait quelques notions de physique et d’anatomie pour éviter que la tête ne soit arrachée par le choc, ou à contrario, que la mort du supplicié ne soit trop longue par asphyxie. Dès lors, la condamnation à être pendu « haut et court » devint synonyme de supplice supplémentaire infligé au condamné. La méthode demeurait cependant assez artisanale, et le bourreau était toujours contraint de monter au sommet de la potence pour faire basculer les pendus. Les Anglais résolurent ce problème au XVI éme siècle avec l’invention du plancher coulissant ou « Long-drop »: les condamnés étaient placés au dessus de trappes dont l’ouverture était déclenchée sur ordre.

La pendaison
Bien qu’elle ait été relativement rare, la peine de mort fut ordonnée à plusieurs reprises par le Prévôt de Beaumont, parfois sur l’avis du Grand Bailli du Hainaut. Entre 1398 et 1453, et entre 1464 et 1474, 31 peines capitales furent prononcées dans la Prévôté, dont plusieurs pendaisons. On faisait appel au bourreau de Mons pour exécuter les coupables.
La pendaison, comme dans d’autres villes hennuyères, était réservée aux voleurs et aux personnes coupables de brigandage (rançonnement sur les chemins, meurtre, menaces d’incendie, …) «Rawarder sur les chemins marchans et aultres que il avoient destourset et les aulcuns ranchonnet » (A.Musin). Les corps des coupables restaient à pourrir plusieurs mois sur la potence et des peines sévères étaient prévues aux gens qui viendraient à les dépendre : il fallait que l’infamie perdure.
Il faut remarquer que la pendaison semble avoir été réservée aux hommes : seules deux femmes furent condamnées à mort sur la période précitée, toutes deux au bûcher.
Nous ne pouvons déterminer avec certitude où se déroulaient habituellement les exécutions capitales, mais plusieurs semblent s’être passées « sur les champs ». Elles devaient donc probablement avoir lieu hors des remparts de la ville. Deux mentions dans les archives confirment cette hypothèse. La première renseigne les frais « pour aller quirire à le haie de Beaumont l’estake et amener à Beaumont où on la mist à point et de Beaumont remener à le justice ». L’autre stipule qu’après que l’épouse de Gilliart Gerart eût avoué s’être rendue coupable d’incendie à l’instigation de son mari, tous deux furent conduits à la justice. Mais comme celui-ci refusait de reconnaître sa culpabilité, il « fu ramenés à le ville ».
Le gibet nécessita à plusieurs reprises un entretien. Le compte de 1441- 1442 comprend une rubrique intitulée « Aultrez mises faites et payés (sic) par ledit prevost pour cause d’un gibet qu’il a fait faire au lieu de cellui de Beaumont qui estoit par poureture cheus ». La construction de ce gibet exigea la collaboration de pas moins de quarante personnes « pour ce ledit gibet aidier à drechier et mettre sus qui aultrement ne se pooit faire sans grande ayde pour ce qu’il estoit de gros membres et pesans » Pour leur peine, le prévôt les invita à la taverne. En 1471, deux charpentiers reçurent 12 livres pour avoir fait « ung noef gibet pour tant que ilz n’en y avait nulz audit Beaumont ».
Le « Besoigné », rédigé sur l’ordre de Charles de Croÿ en 1609-1610 signale qu’ « il n’y at audit Beaumont, sur le grandt marché ny par tout le terroir dudit lieu, aucun gibet dressé, de pierre ou de bois, ains lorsqu’il convient fayre la justice de quelque malfaiteur, il est dressé une petitte potence sur le terroir dudit Beaumont, du costé du lieu de la résidence dudit malfaiteur ». Ce n’est vraiment que pour nos Auvergnats que la pendaison a eu lieu sur la grand-place, mais il faut dire que le crime était aussi extraordinaire…
Nous pouvons donc conclure que durant le XV eme siècle, un gibet devait être présent à Beaumont, sans doute à l’extérieur des remparts. Comme les peines capitales furent relativement rares, cette construction, ayant dû être réparée plusieurs fois, a sans doute était abandonnée au XVII ème siècle au profit d’une « petite potence » dressée à proximité de la résidence du condamné, ou « aux champs » pour un étranger à Beaumont.

Les exécutions capitales donnent au bourreau l’occasion de rentrées financières non négligeables : il vend, souvent au prix fort, aux personnes qui viennent en secret, divers produits sensés porter bonheur ou soigner les maux.
La graisse des pendus est un baume puissant capable de guérir bien des maladies. Cette graisse est aussi employée, dans la main d’un pendu séchée au soleil, pour servir de lampe à huile. Elle a le pouvoir d’endormir quiconque en voit la lumière.
La corde du pendu est un porte-bonheur très efficace qui donne la chance au jeu à tous les coups.
Les ossements de criminels ont le pouvoir d’éloigner le mauvais sort. Ils sont quelques fois broyés en poudre, ainsi que le sang pour une utilisation en sorcellerie.
La mandragore, plante magique qui , selon la légende, fleurit à minuit sous la potence, a le pouvoir d’apporter la chance à son possesseur et de le protéger de tout maléfice. Sa racine est étrangement de forme quasi humaine. Il faut cependant s’en méfier, car elle apporte la mort à celui qui l’arrache du sol. On fait donc appel à des animaux pour la déterrer. Elle s’appelle également « mandegloire » ou « main-de-gloire ».
